Economie mondiale
Il n’y a point de doute que le COVID-19 va laisser des séquelles indescriptibles et difficilement cicatrisables sur l’économie mondiale. Les signes d’une éventuelle déliquescence sont déjà perceptibles de partout. Du tourisme au secteur de l’aéronautique, en passant par le secteur privé, rien ne résiste à la pandémie. Le monde risque de retourner à la situation d’après-guerre, des années 1940, si rien n’est fait. En effet, le choc économique est tel que les Etats et communautés prennent des initiatives fortes pour faire face aux conséquences du COVID-19.
S’adapter ou disparaitre face au coronavirus, tel est le mot d’ordre mondial pour faire face à l’effondrement du secteur économique. Les conséquences humanitaires ne sont pas plus importantes que celles économiques envisageables au terme de cette pandémie. Partout, les pays subissent de plein fouet les affres de l’épidémie. Les grands ensembles politiques tels que l’Union européenne, les Etats-Unis, l’Union africaine sont appelés à dresser des plans d’ajustement à même de contenir les dommages conjoncturels. Aussi, à moindre échelle, quelques Etats comme le Sénégal, peaufinent-ils des stratégies de sortie de crise afin de venir en aide le secteur privé très mal en point en ces temps qui courent.
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Les fonds spéciaux du Président et du Président de l’assemblée nationale doivent être affectés à la lutte contre le COVID-19 (Par Seybani SOUGOU)
L’affaissement du secteur aéronautique
Le COVID-19 n’épargne aucun secteur. Mais dans cet effondrement du secteur économique, ce sont l’aéronautique et le tourisme qui sentent directement et immédiatement son lot de malheur. En effet, le confinement et la quarantaine que se sont imposés les pays, à travers le globe, entrainent de facto la déliquescence du secteur de l’aéronautique et partant du tourisme. Sans surprise donc, si la fermeture des frontières peut réduire les conséquences sanitaires de la maladie, elle contribue en revanche à l’effondrement de l’économie mondiale. La vie humaine au détriment de la bonne santé économique, c’est le prix à payer.
Naturellement, avec la suspension de leurs lignes, toutes les compagnies aériennes accusent des pertes sèches. Ce jeudi 19 mars, l’Association internationale du transport aérien (IATA) estime les pertes du secteur à 200 milliards de dollars. Cette prévision ira crescendo avec la fermeture tout azimut de frontières qui étaient jusqu’ici ouvertes. De grandes compagnies avançaient des réductions de leurs vols allant de 35% pour Brussel Airlines, 23% pour Qantas, 20% pour United Airlines entre autres.
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Cette crise n’échappe pas au continent africain dont les compagnies aériennes tirent 5% de leurs chiffres d’affaires de la Chine, à en croire Abderrahmane Berth, secrétaire général de l’Association des compagnies aériennes africaines (AFRAA). Cette conjecture était déjà précédée par l’annonce de l’IATA, le 4 mars dernier, d’une perte de 40 millions de dollars pour les compagnies aériennes africaines. A ce jour, les compagnies comme Ethiopian Airlines, RwandAir, Air Sénégal, South Africa Express, Kenya Airways (qui s’attend à une perte de 8 millions de dollars) ont tous suspendu leurs vols aussi bien sur le plan régional qu’international.
Le secteur touristique à l’agonie
Naturellement, quand le secteur aéronautique éternue, le tourisme attrape le froid. Ce dernier secteur dépend entièrement de la bonne santé de l’aérien pour pouvoir capter des ressources. Avec la fermeture des frontières donc, le tourisme mondial se retrouve à l’agonie. Et pour ne rien régler, les mesures de confinement et de quarantaine viennent empirer une situation qui était déjà cauchemardesque.
Comme l’aérien, le secteur du tourisme prévoit des pertes inimaginables. Si au Maroc, les baisses sont estimées à 34 milliards de dirham, en Europe, les chiffres tournent autour de plusieurs milliards d’euros de pertes pour l’Union européenne. L’annulation de millions de nuitées à travers le monde a fini par plomber le secteur de l’hôtellerie. Cette situation pousse l’Organisation mondiale du Tourisme (OMT) à annoncer, début mars, une prévision de pertes allant jusqu’à 50 milliards de dollars.
Au Sénégal, c’est la même situation qui prévaut avec la fermeture totale des frontières, effective depuis ce mercredi. C’est ce qui justifie d’ailleurs la sortie de l’ensemble des acteurs dudit secteur, le 18 mars passé. Le tableau que dresse Racine Sy, président de la Fédération des organisations patronales et des industries touristiques du Sénégal (FOPITS), est sombre : « nous sommes quasi-sinistrés dans le secteur. La situation est extrêmement grave. Tout s’arrête ». Même s’il n’avance aucun chiffre, il n’y a pas à espérer que le tourisme sénégalais résiste là où celui français s’écroule.
Les plans d’aide
Considérant le chaos et l’état de délabrement dans lequel l’économie mondiale est claquemurée par le COVID-19, les différents secteurs demandent aux Etats de réagir pour sauver ce qui peut l’être. L’aéronautique mondiale, infectée jusqu’à la moelle, demande une aide de 200 milliards de dollars pour supporter les coups et coûts de la maladie. Sur le plan interne aussi, tous les pays s’activent à dresser des plans de survie pour l’économie, lesquels consistent le plus souvent à la mise sous perfusion des secteurs contaminés.
Au Sénégal, le ministre de l’économie Amadou Hott a annoncé hier les grandes mesures que l’Etat du Sénégal envisage de prendre pour ne pas laisser les secteurs durement touchés sans soutien. Les conséquences du COVID-19 conduisent inexorablement à la chute du taux de croissance, qui devrait baisser jusqu’à à 1.5%. Selon le ministre, le « plan de contingence [qui] a été élaboré est chiffré à 64 milliards de francs CFA pour renforcer les capacités du pays à faire face à la situation ». Le Sénégal, craignant une récession mondiale, a aussi pensé aux travailleurs de es secteurs qui sont sous la menace d’un chômage technique. Prévenant, le Rwanda aussi avec la décision de la Banque centrale rwandaise d’assouplir les modalités de remboursement des prêts bancaires et le déblocage de 50 millions d’euros pour les banques commerciales.
Les grandes décisions communautaires
Sur le plan régional, la commission économique africaine prévoit une baisse du taux de croissance, de 3,2% à environ 2% en 2020. En Europe, Bruno Lemaire, ministre français de l’Economie et des finances, évoque un avenir menacé de la zone Euro. En effet, la crise économique se constate de façon quotidienne avec la chute vertigineuse de la Bourse et de l’effondrement du marché financier mondial. C’est pour y parer que la Banque centrale européenne (BCE) a annoncé hier un plan d’urgence de 750 milliards d’euros.
Aux Etats-Unis aussi, le président Donald Trump a lancé un plan pour faire face aux conséquences de la pandémie. Le mardi 16 mars, l’administration Tump et la Banque centrale américaine ont décidé d’un plan d’aide qui serait estimé à 850 milliards de dollars pour éviter que l’économie ne tombe en récession. Le Canada également a adopté des mesures économiques d’urgence d’un montant de 82 milliards de dollars afin d’aider les entreprises canadiennes.
Outre les conséquences sanitaires, le COVID-19 pourrait avoir sur l’économie mondiale un impact dépassant celui de la crise mondiale de 2008. Bien que les pays du monde entier élaborent des plans d’aide, sur le plan national et communautaire, les dommages sont déjà perceptibles dans tous les secteurs, notamment l’aéronautique et le tourisme. Il est temps que les Etats pensent à l’après-Coronavirus, même s’il est difficile de prévoir la date exacte de la fin de la crise. Parce que, la réalité de l’effondrement du secteur économique ce que le monde vit aujourd’hui dépasse de loin la fiction de ce qu’on pourrait craindre.
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